DECEMBRE I 591.                               22^
recommandation des beaux-esprits, des grands théo­logiens et docteurs de ce siecle.
En cest an 1591, le 4 niai, mourust à Orleans l'abbé dc Saint-Euverte (0, tenu de tout le peuple pour un saint homme, comme à la verité il menoit une vie fort sainte et religieuse, ll a predist beaucoup de cho­ses de ce temps qu'on a veu advenir, comme la ba­taille d'Yvri, qu'il annonça long-temps devant à M. l'evesque d'Orleans; et que le Roy la gaingneroit, avec l'establissement de son regne, en despit de la Ligue, laquelle il vainqueroit et reduiroit à neant; et beaucoup d'autres particularités notables qui se sont trouvées vraies. Mais comme tous les discours des hommes ne sont que vanité, et leur science une igno­rance, principalement pour le regard des choses fu­tures , lesquelles Dieu seul congnoist et dont il s'est reservé la congnoissance, ce bonhomme s'est trouvé trompé en deux des principaux points de sa prophétie : l'un pour Paris, qu'il asseuroit infailliblement devoir périr, et estre ruiné et saccagé de fonds en comble; l'autre pour la conversion du Roy, qui disoit devoir vivre et mourir obstiné en ia profession de sa religion, et que jamais il ne la changerait. Et à Ia verité si ce prélat, qui estoit doué de Dieu de beaucoup de graces, se fust contenu aux termes de sa vocation, sans se mesler de ces choses curieuses que Dieu a interdites à l'homme ,* sa memoire en eust esté plus recommandable à la posterité, encores que ce qu'il en faisoit fust sans art magique et sans autre fard et ostentation, aiant tousjours monstré en sa conversation une grande pieté et crainte de Dieu, qui est le tout de l'homme.
f ) L'abbé de Saint-Euverte : Michel Viole.
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